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UN FORMIDABLE CHEF-D’ŒUVRE DU FILM NOIR
Dans ce thriller social et très ancré dans son époque, Kurosawa s’illustre en maître du mélange des genres et des influences en nous plongeant dans l’ère nouvelle du consumérisme amenée par l’Occident, tout en gardant son héritage japonais, traditionnel et fier.
Pour sa quinzième collaboration avec lui, Toshiro Mifune nous offre une performance incroyable dans le rôle d’un homme déchiré, étouffé par le huis clos initial. Il a oublié d’où il vient, de cet abîme où il fait trop chaud et où fourmillent les misérables et les laissés-pour-compte… Les bas-fonds d’où émane cette fumée rose, indice crucial symbolisant un tournant dans l’intrigue et une séquence-clé qui, selon Martin Scorsese, résume « la force de l’art cinématographique de Kurosawa. Cette apparition de la couleur, pendant quelques secondes, dans un film en noir et blanc […] est le choix d’un peintre et d’un poète. »
Cruel, ironique et magnifique, ENTRE LE CIEL ET L’ENFER embarque le spectateur, tantôt soumis à une tension hitchcockienne, tantôt submergé par l’émotion simple de retrouvailles : un film dialectique d’une virtuosité infinie…