+ sur le film
Au point culminant de son inspiration créatrice, Minnelli tourne deux films puissants et puissamment pessimistes : Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, puis Quinze jours ailleurs, qui
se présente comme un témoin des difficultés que rencontrera le cinéma américain de 1960 à 70. L’histoire raconte celle du tournage d’une grosse production déportée à Rome pour raison financière. Le cinéaste illustre le combat entre valeur artistique et vulgarité marchande, et cite Les Ensorcelés, qu’il réalisa en 1951 et qui magnifia le Hollywood de la grande époque classique.
Désormais le décor imaginaire, dans lequel tout héros minnellien cherche à se réfugier, a
changé. Il perd sa part de rêve pour s’abîmer dans une réalité féroce, malade, sans exaltation.
Le film manifeste la lassitude qu’éprouve Minnelli face à ce qu’est devenue la profession cinématographique: le conflit qui naît entre les deux réalisateurs et perturbe l’équipe confesse le malaise qu’il ressent alors. Il est autant Douglas que Robinson et la fébrilité qui s’empare de tous les personnages, donc des mouvements d‘appareils, des lumières, des couleurs, des sons, atteint son paroxysme dans la séquence de la voiture en folie.
Quinze jours ailleurs reste un chef-d’oeuvre aussi vivant qu’émouvant.
Jean Douchet