L'Ange Ivre
Synopsis
Appelé en pleine nuit à soigner un jeune gangster pour une blessure à la main, un médecin alcoolique décèle une affection plus grave, la tuberculose. Il tente de soigner le jeune homme qui ne veut rien entendre,, malgré les disputes, les menaces, il se prend d'amitié pour lui. Le chassé-croisé des deux hommes que tout oppose trouvera une issue tragique dans les milieux violents de la pègre japonaise.
+ sur le film
La beauté, la poésie des premières images en noir, blanc laisse cependant entrevoir un portrait terrifiant du désordre social de l'après-guerre au Japon. Le quartier pauvre de Tokyo dans lequel se déroule le film vaut pour le Japon tout entier qui a du mal à se remettre de la défaite : tout y est insalubre, les ordures traînent dans la rue. Kurosawa excelle à décrire les bas-fonds de Tokyo dans un style violent, dénonciateur. C'est la première apparition de Toshiro Mifune dans un film de Kurosawa, il y est prodigieux. Arrogant, violent au début du film, malade, brisé à la fin. Le médecin plein d'humanité, de désillusion à la fois est très attachant, ses patients sont sa raison de vivre mais aussi son tourment. Comme l'indique le titre du film, L'ange Ivre, c'est le docteur qui devait être le héros du film. Mais voilà ce que raconte Kurosawa L'Ange ivre est le premier film que j'ai dirigé qui soit libéré de toute contrainte extérieure. Dans ce film, je me suis enfin découvert moi-même. C'était mon film: je le tournais, personne d'autre ne le faisait. C'était dû en partie à Toshiro Mifune. Takashi Shimura jouait le médecin superbement, mais j'ai découvert que je ne pouvais pas contrôler Mifune. Quand je m'en suis rendu compte, je l'ai laissé faire ce qu'il voulait, lui laissant jouer le rôle librement. En même temps, j 'étais inquiet parce que, si je ne le contrôlais pas, le film serait assez différent de ce que je voulais. C'était un vrai dilemme. Cependant, je ne voulais pas amoindrir sa vitalité. A la fin, même si le titre fait référence au médecin, c'est de Mifune dont tout le monde se souvient ». Commentaires sur son film d'Akira KUROSAWA, propos recueillis par Donald Ritchie (Kurosawa on Kurosawa, publié dans Sight and Sound, vol.55 n°2 & 3, été-automne 1964 repris dans POSITIFjuillet/août 1999 n°461/462)