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QUAND LE PASSÉ D’UN PÈRE DÉTRUIT L’AVENIR D’UN FILS…
Kurosawa se détourne du film en costumes pour se focaliser sur la société contemporaine et dénoncer de manière virulente le mal qui la gangrène, la corruption, qui avec la guerre, a connu une terrible expansion. Pour autant, il refuse d’envisager ce fléau comme une fatalité et c’est à travers le cinéma, son mode d’expression, qu’il entend lutter contre le crime et la délinquance en col blanc.
Surnommé à juste raison le « Shakespeare des temps modernes » par Spielberg, le maître nippon nous livre sa vision d’Hamlet et orchestre la vengeance de son héros maudit en véritable génie de la dramaturgie.
Dès l’ouverture, la fameuse scène du banquet – qui a influencé Coppola pour la séquence du mariage dans Le Parrain – donne le ton : dans cette intrigue, rien ne sera le fruit du hasard. Toshiro Mifune, avec son jeu subtil et intériorisé, incarne magnifiquement le personnage de Nishi.
Tourné en cinémascope, LES SALAUDS DORMENT EN PAIX est un jeu d’ombre et de lumière d’une beauté étourdissante mais aussi l’un des films les plus sombres de Kurosawa. Un chef-d’œuvre tout simplement vertigineux.