+ sur le film
Ce film est d'abord, avant tout un film sur la peur,, sur les dégâts irrémédiables que la peur, raisonnée ou non, peut engendrer sur celui qui l'incarne ou la transmet. A ce titre, le film de Kurosawa est une terrifiante vision d'une vie qui bascule dans la tourmente, sans que rien ni personne ne puisse stopper cette vertigineuse plongée vers l'abîme. C'est également un film dans la lignée des films de témoignages sur l'horreur atomique (vécue par les habitants d'Hiroshima, de Nagasaki) parmi lesquels on peut par exemple citer Genbaku no ko [Les Enfants d'Hiroshima] de Kaneto Shindo (1953), Hiroshima de Hideo Sekigawa, (1953), Kuroi Ame [Pluie noire] de Shohei Imamura, (1989). C'est enfin une description âpre, sans concession du Japon de l'après-guerre, comme il l'avait déjà montré dans L'Ange ivre (1948) ou Chien enragé (1949). Toshiro Mifune campe ici ce patriarche à la dérive, illuminé, ou visionnaire, dans une interprétation tout simplement extraordinaire. «D'un rythme un peu lent, mais une réussite obsédant celui qui a eu la patience de se laisser envoûter par ce film ». (Georges Sadoul, Dictionnaire des films)