Dodes'kaden
Synopsis
Rokuchan est un jeune garçon qui vit dans un bidonville. Pour s'évader d'un quotidien sinistre, il s'imagine être aux commandes d'un tramway comme il y en a en ville,, sillonne le dédale des bas-fonds, sans prêter attention aux ricanements des gamins moqueurs. Il y fait d'ailleurs d'étranges rencontres. Près des poubelles, un clochard, son fils en quête d'un monde luxueux, là une jeune fille qui fabrique des fleurs artificielles' Pendant ce temps, le médecin du quartier refuse de dénoncer un voleur à la police, sauve un désespéré du suicide, désarme un ivrogne... Autant d'exclus, de déclassés, d'alcooliques, de rêveurs dont les destins de solitude vont peu à peu se croiser'
Nous sommes au zénith de la carrière de Kurosawa, mais sa santé est fragile,, paradoxalement, le montage financier de ses films reste difficile dans son pays. Techniquement innovant, il réalise avec Dodes' Kaden son premier film en couleurs. Le film est l'occasion d'explorer de nouvelles techniques (le traitement non naturaliste des couleurs sera poursuivi par exemple dans Rân). Les scènes oniriques utilisent des décors de soie peinte !
Le cinéaste parle de son film : « Ce film était pour moi une sorte de travail sur la couleur. C'était mon premier film qui n'était pas en Noir & Blanc, j'ai essayé toutes sortes de choses ' même de peindre les ombres des décors sur le sol. J'étais consciemment devenu ici très expérimental. »
Hélas, le film est un échec commercial cinglant qui déstabilise totalement Kurosawa. Il sombre dans une dépression, touche le fond en attentant à ses jours. Heureusement, la vie gagne ce bras de fer, mais il lui faudra cinq années pour s'en remettre. En Mars 1976, c'est une formidable résurrection : Kurosawa reviendra ainsi sur le devant de la scène avec un magnifique film soviétique, Dersou Ouzala, lauréat de l'Oscar du Meilleur Film Etranger à Hollywood.