+ sur le film
Fraîchement auréolé de l’immense succès d’Harold et Maude, Hal Ashby (En route vers la gloire, Shampoo, Bienvenue Mister Chance) décide d’adapter en 1972 un roman de Darryl Ponicsan, La Dernière Corvée, dont le sujet - l’anti-autoritarisme et la frontière ténue entre le devoir et la morale - refl ète l’état d’esprit désenchanté de l’Amérique des années 70, après sept ans d’une guerre catastrophe au Vietnam. “Dans la marine, la mission passe avant les sentiments, qu’il s’agisse d’aller massacrer l’ennemi à My-Laï ou de conduire un gamin en prison”. Pour cette raison, Robert Towne, le scénariste du fi lm, modifi a la fi n du roman qui s’achevait, lui, par la désertion des deux offi ciers, interprétés par Jack Nicholson et Otis Young. Classique du Nouvel Hollywood, La Dernière Corvée emprunte la forme du road-movie, genre très en vogue à l’époque, et devient pour le jeune condamné (Randy Quaid, révélé deux ans plus tôt dans La Dernière Séance de Peter Bogdanovich) l’occasion d’un périple initiatique et de l’éveil d’une conscience politique. Cette comédie en demi-teinte sur laquelle souffl e un esprit contestataire, alterne moments de farces, presque potaches, et violents retours à la réalité. Un magnifi que fi lm hivernal qui, au fi l des kilomètres, se recouvre d’un voile mélancolique. Jean-Baptiste Thoret